Riccardo Magnani, né à Lecco en 1963, est diplômé en Économie et Commerce. C’est l'un des chercheurs les plus confirmés sur Léonard de Vinci et sur la Renaissance.
- Riccardo Magnani, comment interprétez-vous la dernière révélation qui verrait dans l’arrière-plan de la Mona Lisa de Léonard de Vinci votre ville natale, Lecco, en raison de la similitude avec le pont Azzone Visconti?
Catherine
- Je compte faire un peu de clarté sur ce qui a été dit au cours des derniers mois au sujet des paysages qui sont représentés en arrière-plan de la Joconde de Léonard de Vinci, que certains voudraient situer en Toscane, d’autres en Ombrie, et d'autres encore dans le Pavese ou même dans les Pouilles.
“Nul ne peut être aimé ou détesté si l’on n’en a pleine connaissance” a écrit Léonard dans l’un des nombreux codes qui lui sont attribués, éparpillés dans les musées du monde entier, et jamais telle affirmation ne fut plus appropriée si on l’associe aux innombrables facéties écrites sur son héritage artistique. Je me consacre depuis des années à l'étude de Léonard de Vinci et à ses correspondances avec notre territoire, et l'hypothèse d'un lien entre la ville de Lecco et le grand artiste que j’ai avancé est connue depuis plusieurs années. Ce qui est moins connu, ce sont les raisons historiques et culturelles qui ont poussé Léonard à représenter les paysages de Lecco dans ses œuvres; oui, au pluriel...
S’il est vrai que les affirmations sur les arrière-plans de la Joconde, qui ne correspondent ni à la Toscane, ni à l’Ombrie, et encore moins à Montefeltro (en étroite opposition politique avec le monde des Médicis dont Léonard faisait partie) sont exactes, ces derniers correspondent par contre à la ville de Lecco. L’erreur cependant est de reconnaître seulement le pont Azzone Visconti, cité dans l’article en question, car il aurait suffit de faire un contrôle, même superficiel, pour remarquer immédiatement une connexion beaucoup plus profonde, comme je le raconte depuis des année dans mes conférences et dans mes livres.
2. La partie finale du bras du lac de Lecco, avec le pont Azzone Visconti et le Mont Barro sur la droite, le lac Garlate, Olginate et la Brianza qui s’ouvre vers Milan, observée depuis les Pizzini de San Martino, importants, car très facilement reconnaissables aussi dans l'Annonciation de 1472;
3. Mandello, observé depuis le château de Bellagio, à l’époque siège d'un fort fidèle aux Sforza et qui abrite aujourd'hui la Fondation Rockefeller;
4. Les pointes de Olgiasca, Dervio et Bellano comme on peut les observer depuis Gravedona, important siège d'une garnison Sforza à l’époque.
Par contre, ce que Pascal Cotte n'a pas associé, en se limitant à l'annonce de la présence dans la peinture de ces broches, c'est que ces dernières représentent une tradition typique du Larian et Lombarde en général.
La Spérada, ou Couronne Lombarde, était composée d'une couronne de broches, proprement dites "spadine", d'une grande finition et bien décorées; elles étaient traditionnellement offertes par le fiancé à sa promise au moment de l'annonce officielle des fiançailles qui, à l'époque, était considérée presque comme une cérémonie; à partir de ce moment, la jeune fille était considérée comme "épouse promise".
L'implication de ces éléments de preuve mis en lumière par le chercheur français grâce à cette technique particulière de scansion et de détection, confirme l'association du célèbre tableau de Léonard, peut-être le plus célèbre du monde, avec les paysages Lecco, comme je le décris plus haut.
Et c'est sur l'incitation des peintures de Léonard et des raisons qui le poussent à représenter la ville de Lecco dans ses œuvres, que beaucoup d'artistes parmi les plus importants de la Renaissance, la représentent également. Ici Raphael:
Comme ultérieure confirmation à ce que j'ai écrit je veux cependant ajouter quelques remarques importantes et qui me sont particulièrement à cœur, afin de mieux définir le lien profond qui existe entre Léonard de Vinci et la ville de Lecco, et pour comprendre pourquoi il n'est pas convenable de spéculer sur le détail d'une seule peinture, la Joconde. La première remarque concerne La Cène. Aujourd'hui nous savons tous que la figure du Christ est la reprise du culte solaire d'Invictus, transversal à presque toutes les cultures religieuses du monde avant l'avènement des religions monothéistes, et l'un des principaux messages que sous-tend la peinture présente dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie est relatif, précisément, à la position du soleil aux différentes phases de l'année, au travers des disciples, en groupes de trois, qui représentent les différentes constellations de référence.
Ce que personne ne sait c'est que les trois fenêtres derrière le Christ représentent les époques de solstice et d'équinoxe, comme l'homme a toujours fait dans ses œuvres architecturales, qu'il s'agisse d'églises, de pyramides ou de temples, comme en témoignent de l'image sur la gauche.
La deuxième remarque concerne la Vierge aux Rochers. Je ne suis pas ici pour motiver les innombrables preuves sur les raisons pour lesquelles la grotte où la Vierge est idéalement située est celle de Jean-Baptiste, à Laorca, district de Lecco, ou parce que les innombrables falaises rocheuses qui la caractérisent sont reconnaissables, un par un, dans la Val Calolden qui conduit au Plans des Resinelli et aux bastions Segantini, profil caractéristique de la Grigna.
Je veux plutôt vous montrer celle qui à chaque fois m'émeut et qui, sans une intervention appropriée de la part du Ministère du Patrimoine Artistique et Culturel, du surintendant et des autorités administratives locales, risque de succomber à l'érosion naturelle du calcaire dans lequel elle est sculptée, avant même que dans l'indifférence et la négligence humaines, souvent, trop souvent alimentées par le manque de culture de la connaissance.
Voilà pourquoi je voulais ouvrir cette note avec les paroles de Léonard: “Nul ne peut être aimé ou détesté si l’on n’en a pleine connaissance”. Le patrimoine artistique et la profonde tradition culturelle de notre pays peuvent être la voie à suivre pour sa remise en valeur, à condition bien sûr de la soustraire à la spéculation partisane, quelle qu'elle soit, et de lui restituer les intentions réelles avec lesquelles elle a été livré.
Je vous remercie, en mon nom et celui des lecteurs, pour ces explications précieuses.
Catherine
Riccardo Magnani
(sur Facebook)
Article original en italien: crepanelmuro.blogspot.it
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